[n° ou bulletin] est un bulletin de / Claude PéquinotTitre : | n°69 - 37è année, 2010 - La Révolution vécue en Morvan dans le District de Château-Chinon : "De la Convention Girondine au Gouvernement Révolutionnaire organisé - Septembre 1792-Décembre 1793" | Type de document : | texte imprimé | Auteurs : | André Paris, Auteur | Année de publication : | 2010 | Importance : | 134 p | Format : | 21 cm | Prix : | 14 € | Langues : | Français (fre) | Résumé : | Dans ce moment de la Convention, qui court jusqu'à l'organisation du gouvernement révolutionnaire en frimaire an II, l'absence des registres de la municipalité et de la société populaire de Château-Chinon nous interdit la connaissance détaillée des réactions populaires au chef-lieu. Cependant le glissement vers des positions plus avancées se lit dans les registres du district, un changement perceptible dès la crise de l'été 1792. Pour le district comme pour le département, les élections de l'automne 92, pratiquées au suffrage universel à deux degrés, n'entraînent pas de bouleversement et conservent au pouvoir une bourgeoisie de notaires, de juristes, voire de négociants. Alors qu'à la municipalité de Château-Chinon arrivent en décembre des couches plus modestes, en franche rupture avec les nostalgies conservatrices. C'est le passage des représentants en mission qui détermine le changement au printemps 1793. Collot d'Herbois et Laplanche parcourent le département et tiennent séance à Château-Chinon le 26 avril. Ils imposent l'application des mesures décrétées par la Convention, la levée des 300 000 hommes et la création des comités de surveillance qui mèneront l'action contre les suspects. Arrivé en fin juillet, Fouché travaille à Nevers, au sein du conseil de département mais ses arrêtés sont applicables dans tous les districts. Il dénonce les riches égoïstes, les accapareurs, les affameurs, contrôle le ravitaillement, soumet les riches à la taxe révolutionnaire, organise les dépôts d'or et d'argent pour des raisons tant monétaires que sociales. Surtout il lance le mouvement de déchristianisation, interdiction du culte et du port des vêtements écclésiastiques hors des églises, réduction du nombre des cloches pour récupérer le bronze, prêtres contraints de se marier ou d'adopter enfant ou pauvre. Cette défanatisation rencontre les décisions et pratiques venues de Paris, calendrier républicain, repos du décadi, chasse-ici modérée- aux noms issus de la religion et de la féodalité. Fouché ne circule pas en Nièvre, mais délègue des commissaires munis de pleins pouvoirs, Grangier, Bureau, Paumier, Henriot, Enfert, Commerson, un administrateur du département, un ex-religieux, un négociant, trois artisans-marchands. Les citoyens qui s'opposeraient à leur action peuvent être reconnus suspects. Durant leur séjour à Chinon-la-Montagne en frimaire, les commissaires s'appuient sur un détachement de l'armée révolutionnaire venu de Nevers, une force militaire vêtue "à la brigand", destinée d'abord à impressionner et faire peur. Un objectif atteint. L'enquête menée ultérieurement par les thermidoriens ne dénonce ni mort, ni même atteinte physique, mais force menaces, propos violents, insultes, grivèleries et détournements, sans parler des dommages infligés aux églises et des mascarades. Au total, pour des modérés, un véritable traumatisme sans effusion de sang. Par ailleurs les commissaires s'inquiètent des familles des volontaires, des miséreux, de l'éducation, de l'hôpital et même de la santé des prisonniers.
Dans ce climat, les administrateurs s'efforcent d'appliquer les mesures nationales. Bourgeois, ils ne sont pas démocrates, modérés proches du département, jamais clairement désolidarisés de Ballard et de la tendance girondine de Nevers. Attachés aux valeurs de la bourgeoisie, mais résolus à défendre la République et les conquêtes de la Révolution. Ainsi Jean-Marie Duvernoy, patriote actif depuis l'été 91, notaire, fermier du ci-devant marquisat de La Tournelle, intéressé au commerce des bois pour Paris, précédemment administrateur du département, devenu procureur syndic du district et finalement relevé de cette fonction par Fouché, mais avec précaution, au prétexte du cumul, restant d'ailleurs secrétaire de la société populaire. La surveillance des suspects et des aristocrates est assurée avec beaucoup de prudence et des mesures contradictoires. L'administration s'efforce d'assurer la levée et l'équipement, le ravitaillement par la réquisition, l'application du maximum, la défense des biens nationaux. Le pouvoir, demeuré très légaliste et non violent, atteint souvent la limite de son autorité. |
[n° ou bulletin] est un bulletin de / Claude Péquinotn°69 - 37è année, 2010 - La Révolution vécue en Morvan dans le District de Château-Chinon : "De la Convention Girondine au Gouvernement Révolutionnaire organisé - Septembre 1792-Décembre 1793" [texte imprimé] / André Paris, Auteur . - 2010 . - 134 p ; 21 cm. 14 € Langues : Français ( fre) Résumé : | Dans ce moment de la Convention, qui court jusqu'à l'organisation du gouvernement révolutionnaire en frimaire an II, l'absence des registres de la municipalité et de la société populaire de Château-Chinon nous interdit la connaissance détaillée des réactions populaires au chef-lieu. Cependant le glissement vers des positions plus avancées se lit dans les registres du district, un changement perceptible dès la crise de l'été 1792. Pour le district comme pour le département, les élections de l'automne 92, pratiquées au suffrage universel à deux degrés, n'entraînent pas de bouleversement et conservent au pouvoir une bourgeoisie de notaires, de juristes, voire de négociants. Alors qu'à la municipalité de Château-Chinon arrivent en décembre des couches plus modestes, en franche rupture avec les nostalgies conservatrices. C'est le passage des représentants en mission qui détermine le changement au printemps 1793. Collot d'Herbois et Laplanche parcourent le département et tiennent séance à Château-Chinon le 26 avril. Ils imposent l'application des mesures décrétées par la Convention, la levée des 300 000 hommes et la création des comités de surveillance qui mèneront l'action contre les suspects. Arrivé en fin juillet, Fouché travaille à Nevers, au sein du conseil de département mais ses arrêtés sont applicables dans tous les districts. Il dénonce les riches égoïstes, les accapareurs, les affameurs, contrôle le ravitaillement, soumet les riches à la taxe révolutionnaire, organise les dépôts d'or et d'argent pour des raisons tant monétaires que sociales. Surtout il lance le mouvement de déchristianisation, interdiction du culte et du port des vêtements écclésiastiques hors des églises, réduction du nombre des cloches pour récupérer le bronze, prêtres contraints de se marier ou d'adopter enfant ou pauvre. Cette défanatisation rencontre les décisions et pratiques venues de Paris, calendrier républicain, repos du décadi, chasse-ici modérée- aux noms issus de la religion et de la féodalité. Fouché ne circule pas en Nièvre, mais délègue des commissaires munis de pleins pouvoirs, Grangier, Bureau, Paumier, Henriot, Enfert, Commerson, un administrateur du département, un ex-religieux, un négociant, trois artisans-marchands. Les citoyens qui s'opposeraient à leur action peuvent être reconnus suspects. Durant leur séjour à Chinon-la-Montagne en frimaire, les commissaires s'appuient sur un détachement de l'armée révolutionnaire venu de Nevers, une force militaire vêtue "à la brigand", destinée d'abord à impressionner et faire peur. Un objectif atteint. L'enquête menée ultérieurement par les thermidoriens ne dénonce ni mort, ni même atteinte physique, mais force menaces, propos violents, insultes, grivèleries et détournements, sans parler des dommages infligés aux églises et des mascarades. Au total, pour des modérés, un véritable traumatisme sans effusion de sang. Par ailleurs les commissaires s'inquiètent des familles des volontaires, des miséreux, de l'éducation, de l'hôpital et même de la santé des prisonniers.
Dans ce climat, les administrateurs s'efforcent d'appliquer les mesures nationales. Bourgeois, ils ne sont pas démocrates, modérés proches du département, jamais clairement désolidarisés de Ballard et de la tendance girondine de Nevers. Attachés aux valeurs de la bourgeoisie, mais résolus à défendre la République et les conquêtes de la Révolution. Ainsi Jean-Marie Duvernoy, patriote actif depuis l'été 91, notaire, fermier du ci-devant marquisat de La Tournelle, intéressé au commerce des bois pour Paris, précédemment administrateur du département, devenu procureur syndic du district et finalement relevé de cette fonction par Fouché, mais avec précaution, au prétexte du cumul, restant d'ailleurs secrétaire de la société populaire. La surveillance des suspects et des aristocrates est assurée avec beaucoup de prudence et des mesures contradictoires. L'administration s'efforce d'assurer la levée et l'équipement, le ravitaillement par la réquisition, l'application du maximum, la défense des biens nationaux. Le pouvoir, demeuré très légaliste et non violent, atteint souvent la limite de son autorité. |
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